Apprendre et exposer

La première chose qui frappe chez les nouveaux directeurs des expositions gta : Ils sont jeunes, très jeunes. Fredi Fischli, 27 ans, et Niels Olsen, 24 ans, considèrent leur nouveau poste comme une chance unique. "On nous croit capables de communiquer sur les thèmes complexes du gta et on nous laisse carte blanche pour la mise en ?uvre", déclare Fischli avec un enthousiasme évident. Les deux nouveaux venus sont pourtant de vieux habitués lorsqu'il s'agit d'emballer des contenus complexes dans des expositions attrayantes. Alors qu'ils étaient encore étudiants, ils expérimentaient déjà de nouvelles formes d'exposition, même si c'était d'abord dans un cadre privé. Alors que d'autres rédigeaient des traités scientifiques, ils étaient fascinés par l'idée d'exposer littéralement le savoir. Pendant leurs études d'histoire de l'art aux Universités de Zurich et de B?le, ils ont fondé "Studiolo". Ils ont transformé la maison-atelier privée de la sculptrice Marianne Olsen, grand-mère de Niels Olsen, en un espace public où le savoir abstrait correspond directement aux objets exposés et peut ainsi être réfléchi différemment. Pour leurs travaux de curateurs, ils ont notamment re?u la bourse d'encouragement de Kurator, la fondation Gebert pour la culture à Rapperswil.

Mémoire de l'ETH

Bien entendu, les codirecteurs sont conscients de marcher sur de grandes traces. Pendant plus de 25 ans, Philippe Carrard a dirigé le département. C'est gr?ce à lui que les expositions gta jouissent d'une excellente réputation. "Bien que nous soyons d'une autre génération et que nous ayons un autre parcours, Philippe nous a beaucoup aidés à lui succéder", déclare Olsen, évoquant ainsi l'une des nouveautés les plus évidentes : Ni lui ni Fischli ne sont architectes - c'est pourquoi ils avouent avec un clin d'?il ne pas être très à l'aise avec les plans ou les modèles. Mais cela leur permet d'aborder les thèmes du gta de manière différente. Fischli le formule ainsi : "Nous nous demandons toujours : comment rendre l'architecture perceptible, comment rendre visibles les différents discours au sein de l'architecture ?"

Fischli et Olsen se considèrent donc comme des personnes en formation et souhaitent également concevoir leurs expositions de cette manière : "Nous sommes fascinés par quelque chose et nous voulons le comprendre. Ce processus d'apprentissage devient alors partie intégrante de l'exposition, car nous trouvons plus passionnant d'emmener les visiteurs dans notre quête que de leur expliquer le monde sur des panneaux", souligne Olsen. Le Département d'architecture, avec ses nombreuses chaires, ses projets et ses étudiants, est une véritable mine d'or pour les concepteurs de l'exposition. "On y produit tellement de connaissances intéressantes qu'il nous suffit de repérer quelles sont les questions actuelles sur lesquelles se penchent les chercheurs, et nous avons déjà une idée passionnante pour un nouveau projet", résume Fischli. Il indique ainsi clairement qu'ils souhaitent à l'avenir lier les expositions gta beaucoup plus étroitement à la recherche et surtout à l'enseignement du Département d'architecture.

Parcourir l'exposition souterraine

?a sonne bien, mais qu'est-ce que cela signifie concrètement ? C'est ce que montrent les nouveaux directeurs d'exposition dès leur premier projet, "The Walk". Le point de départ est un projet d'étudiants du gta. Philipp Ursprung, professeur d'architecture et d'histoire de l'art à l'ETH, s'est rendu en Italie en octobre 2012 avec ses étudiants et ceux de la haute école d'art de Karlsruhe. Ursprung a délibérément envoyé les étudiants en promenade, leur transmettant ainsi le concept de "sciences de la promenade" formulé par le sociologue Lucius Burckhardt, qui a enseigné à l'ETH Zurich dans les années 1960 et 1970. Les étudiants devaient percevoir la structure sociale de Naples - y compris ses quartiers louches et mafieux - et l'opposition entre espace public et espace privé, et les photographier.

Pour Fischli et Olsen, il aurait toutefois été trop simple de présenter les résultats de cette excursion de recherche dans le cadre d'une exposition de photos classique. Ils ont tout de suite envoyé les étudiants une nouvelle fois sous terre, mais cette fois-ci pas de manière métaphorique, mais concrètement dans le labyrinthe souterrain du H?nggerberg. Les étudiants devaient y trouver des lieux pour les photographies qui correspondaient à leurs impressions de Naples. C'est ainsi qu'est née une exposition dans les caves des b?timents de l'ETH, que les visiteurs doivent parcourir à pied. Les personnes qui s'inscrivent se lancent dans cette "marche" d'environ une heure et découvrent de près ce que les étudiants de l'ETH ont découvert lors de leur excursion de recherche.

"Bien s?r, l'idée était risquée, car nous ne savions pas comment l'ETH en tant qu'institution allait réagir. Mais nous sommes ravis de voir à quel point l'expérience a été bien accueillie et quel impact elle a déjà eu", rapporte Olsen. Les étudiants ont ainsi redonné vie au sous-sol. De nombreux participants au projet - et plus tard les visiteurs - voient pour la première fois l'ETH sous un tout autre angle, et le service d'entretien n'a pas seulement été d'une grande aide lors de la préparation, il est entre-temps devenu un élément interactif de l'exposition. Il ne fait aucun doute que les nouveaux directeurs d'exposition gta Olsen et Fischli apportent avec leur premier projet un vent de fra?cheur dans le domaine des expositions de l'ETH et qu'ils débordent d'autres idées. On attend avec impatience leurs prochains projets.