Petit pays, grand impact

Nombreux sont ceux qui affirment que la Suisse, petit pays, ne peut guère faire la différence en matière de changement climatique et de transition énergétique mondiale. Mais cette conviction et l'attitude passive qui en découle en matière de politique énergétique ignorent le potentiel de la Suisse en tant que lieu d'innovation pour le changement institutionnel.

Vue agrandie : énergies renouvelables et carte de la Suisse
La Suisse peut jouer un r?le de pionnier dans la transition énergétique et la protection du climat. (Images : iStock.com / Montage : ETH Zurich)

La Suisse pèse-t-elle lourd dans la balance ? En matière de climat et d'énergie, nombreux sont ceux qui répondent par la négative à cette question : les émissions de CO2-Les émissions de CO2 de la Suisse sont minuscules par rapport aux émissions mondiales, c'est pourquoi aucune réduction des émissions de la Suisse, aussi importante soit-elle, ne peut avoir un impact global. De même, certains affirment que la politique suisse ne peut guère faire bouger les choses en matière de nouvelles technologies.

Au cours des quinze dernières années, nous avons pu observer un boom du photovolta?que en Allemagne. Bien que tous les espoirs placés dans ce domaine ne se soient pas réalisés, ce boom a entra?né des baisses de prix considérables et a rendu les mesures de protection du climat plus abordables dans le monde entier. Mais la Suisse est dix fois plus petite que l'Allemagne, et un boom similaire dans notre pays aurait un impact bien moindre. Certains en concluent que la Suisse ne peut rien faire et que nous pourrions tout aussi bien mener une politique énergétique dans laquelle les co?ts sont maintenus bas et les nouvelles technologies ne sont utilisées que lorsqu'elles sont devenues compétitives gr?ce à des pays plus grands. Certains affirment également que la seule contribution possible de la Suisse se situe dans le domaine de la science et du développement de nouvelles technologies dans les laboratoires d'institutions de recherche comme l'ETH Zurich.

Je ne suis pas d'accord. Je pense que la Suisse est importante pour la communauté internationale en tant que pionnière dans le développement de technologies sans carbone, mais aussi dans leur utilisation pour transformer son propre système énergétique. Car certains des plus grands défis de la transition énergétique ne sont pas financiers, mais institutionnels. Les progrès institutionnels d'un petit pays peuvent facilement être transférés à des pays plus grands.

Explorer la meilleure approche

Voici deux exemples : Il est très probable que notre futur système énergétique reposera en grande partie sur l'énergie solaire, de sorte qu'à l'avenir, quelques mètres carrés de cellules solaires seront installés sur la plupart des toits suisses. Une grande incertitude règne sur la question de savoir comment concilier cela avec d'autres besoins, par exemple maintenir les centres-villes avec des b?timents historiques aussi attrayants que possible. Un compromis socialement acceptable nécessite des règles et des procédures pour décider où les panneaux solaires sont utiles et où ils ne le sont pas, d'où vient le financement et à qui appartiennent les panneaux solaires en fin de compte. L'acceptation de la population dépendra probablement du fait que les bénéfices de l'énergie solaire restent dans la commune ou soient transférés. Si nous explorons la meilleure approche de ces questions chez nous, d'autres pourront nous copier.

Un autre exemple est celui des voitures électriques, qui feront assez certainement partie de notre futur système énergétique. Il existe de nombreuses idées sur la manière dont un réseau de stations de recharge pourrait être mis en place, financé et géré lorsque la proportion de voitures électriques sur nos routes augmentera. Certaines de ces idées s'avéreront sans aucun doute meilleures que d'autres, et nous trouverons probablement les meilleures solutions par "essais et erreurs". Dans ce cas également : d'autres peuvent adopter ces solutions.

Pour assurer le bien-être des générations futures, les pays qui ont la possibilité d'être à l'avant-garde en matière de climat et d'énergie doivent le faire. Et ce, de manière à faire une différence pour le reste du monde. La Suisse peut effectivement apporter sa contribution, non seulement dans sa fonction de p?le de recherche, mais aussi par sa capacité d'innovation institutionnelle. Si nous saisissons cette chance, notre politique énergétique nationale fera des vagues qui se feront sentir bien au-delà de nos frontières nationales.

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