L'avenir que nous voulons ?

En septembre 2015, la communauté mondiale doit adopter un nouveau cadre d'orientation pour le développement durable post-2015. Selon le conseiller fédéral suisse, ce cadre de référence mondial doit également prendre en compte les "limites planétaires" comme point central.

Panneau de rue avec inscription "Risk ahead
Le concept de "limites planétaires" prédit des seuils au-delà desquels le risque de déclencher des processus irréversibles (par exemple le changement climatique) dans le système terrestre augmente. (Photo : mrpuen / freedigitalphotos)

En 2000, la communauté internationale a adopté les Objectifs du Millénaire pour le développement [1], un programme ambitieux, rempli d'objectifs louables et de belles paroles. De nombreuses injustices mondiales devaient être drastiquement réduites, voire éliminées, d'ici fin 2015. Même avec la meilleure volonté du monde, il semble aujourd'hui difficile de propager les résultats des 15 dernières années comme un succès. Depuis l'automne 2012, l'ONU tente maintenant de définir les principaux objectifs du nouveau et meilleur programme de l'ONU, l'"agenda post-2015" [3], dans le cadre d'une "discussion ouverte" avec la population mondiale sous le titre "The world we want" [2]. Malheureusement, peu d'initiés et de personnes intéressées étaient au courant de cette possibilité de s'impliquer. En septembre 2015, la communauté mondiale devrait néanmoins se mettre d'accord sur de nouveaux objectifs.

réflexions du conseiller fédéral sur l'agenda post-2015

Les idées du conseiller fédéral suisse sur cet agenda post-2015 ont été publiées au début de l'année [4]. Selon ce document, le respect des "limites planétaires" (planetary boundaries) définies par les sciences naturelles doit devenir une préoccupation centrale de la communauté mondiale. Selon le conseiller fédéral, le concept de limites planétaires "définit une marge de man?uvre s?re pour l'humanité comme condition de base pour une politique de développement durable". A première vue, cela semble raisonnable, car les problèmes globaux exigent des solutions globales de la part de la communauté mondiale. Mais est-ce réaliste ?

Quelles sont les limites planétaires ?

Dans le document du conseiller fédéral, on ne trouve malheureusement aucune définition de ces limites planétaires, ni aucune référence. En demandant des précisions, on est renvoyé aux résultats d'un groupe de travail international de 28 scientifiques de renommée internationale, dirigé par Johan Rockstr?m en Suède [5].

Ce groupe de chercheurs a défini en 2009 neuf limites planétaires (voir graphique) à l'intérieur desquelles l'humanité peut agir en toute sécurité. Si elle dépasse ces limites, cela pourrait déclencher des processus irréversibles et modifier substantiellement le système terrestre. Selon une analyse du "Planetary Boundaries Framework"[6] publiée en janvier 2015, l'humanité a malheureusement déjà dépassé quatre de ces neuf limites ou se trouve dans la zone de risque accru (voir graphique).

Vue agrandie : Frontières planétaires
Les neuf frontières planétaires telles qu'elles ont été présentées en 2009 par le groupe de travail dirigé par Johan Rockstr?m dans la revue spécialisée Nature. (Illustration : Felix Müller / Wikimedia Commons CC BY-SA 4.0)

Si les limites planétaires devaient devenir une base d'action pour les nations du monde, il faudrait d'abord un discours scientifique largement étayé sur le calcul des valeurs limites. Les critères selon lesquels le groupe de travail dirigé par Rockstr?m a choisi les neuf limites et déterminé les valeurs exactes des zones s?res ne sont pas totalement clairs, ni dans la publication de 2009, ni dans celle de 2015.

Les valeurs limites pour le climat semblent relativement bien étayées, car les chercheurs s'appuient ici sur le rapport d'évaluation du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Pour les réflexions suivantes, je me réfère donc aux limites planétaires concernant le système climatique.

Selon les hypothèses du groupe de chercheurs, les émissions de CO2 La teneur de l'atmosphère doit se situer au maximum entre 350 et 450 ppm. En janvier 2015, environ 400 ppm de CO2 dans l'atmosphère, soit 2,5 ppm de plus qu'en janvier 2014. Nous sommes donc en plein dans la zone de risque accru et, sans réductions drastiques du CO2-dépasseront cette fourchette dans 20 ans.

La communauté mondiale doit donc agir rapidement pour nous permettre d'atteindre nos objectifs.

  1. ne pas aller plus loin dans les émissions de CO2-dans la zone de danger et
  2. pour atteindre le niveau de CO2-, afin de réduire la teneur en carbone de l'atmosphère vers le seuil de sécurité de 350 ppm.

Malheureusement, on regrette l'absence de déclarations aussi claires et simples sur le CO2-Il est encore plus surprenant de constater que la proposition de s'appuyer sur les limites planétaires pour le développement durable n'aborde même pas la question des limites déjà dépassées dans ces documents. Sans parler de la manière dont l'humanité pourrait se remettre sur une voie plus s?re si les représentants des ?tats ne sont même pas d'accord sur la protection du climat. Car une chose est claire : le respect des limites planétaires doit être une affaire mondiale.

Les limites planétaires et un avenir acceptable

Indépendamment de la précision avec laquelle les limites planétaires sont calculées : Il ne fait aucun doute que notre planète dispose de ressources finies et que notre marge de man?uvre est donc limitée. Il ne nous reste donc que deux possibilités (voir aussi [7]) :

  1. Nous, les êtres humains, en particulier dans les pays les plus riches, reconnaissons que nous vivons au-dessus de nos moyens et décidons consciemment de vivre et d'agir autrement et mieux. Une t?che difficile, mais pas impossible.
  2. Les alternatives fatalistes, "de toute fa?on, on ne peut rien faire" ou "de toute fa?on, il est déjà trop tard", semblent en tout cas nettement moins attrayantes.

La rencontre de deux planètes :

Vue agrandie : Cartoon : une planète dit qu'elle va mal, qu'elle a des Homo spaiens, l'autre : Ne t'inquiète pas, ?a va passer.
Source : [8]

Relevons donc le défi de rendre notre vie et nos actions plus durables, au moins dans notre sphère d'influence, c'est-à-dire en Suisse et en Europe occidentale. Nous devrions au moins essayer.

Informations complémentaires

[1] page externeObjectifs du Millénaire pour le développement l'ONU (Wikipedia)

[2] Le monde que nous voulons : page externeEnquête et page externeun résumé des résultats. Il faut comparer ces résultats avec les attentes des futurs décideurs de nombreux pays (voir page externecette vidéo Youtube).

[3] page externeAgenda de développement post-2015 l'ONU

[4] page externeAgenda du conseiller fédéral pour le développement durable post-2015

[5] En savoir plus sur les page externeLimites planétaires (Planetary boundaries)

[6] W. Steffen et al : Planetary boundaries : Guiding human development on a changing planet. Science, 13 février 2015, doi : page externe10.1126/science.1259855

[7] Article de blog "Quel chemin mène à la durabilité ?"

[8] Blog page externeVision d'équipe

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