Des visions pour l'avenir

Notre monde se transforme de plus en plus rapidement - le savoir n'a jamais été aussi nécessaire. Mais comment concevoir les universités de manière à ce qu'elles génèrent un savoir porteur d'avenir ?

17.12.2021 de Martina M?rki

Chris Luebkeman

Quels sont les concepts d'une université durable ? Les deux dernières années ont montré que de nombreux aspects de la vie universitaire sont possibles en ligne, mais que beaucoup ne le sont pas. L'avenir est à une hybridation complète - avec des conséquences profondes pour la culture et la vie quotidienne. En outre, nous avons vu que l'ETH, en tant que lieu physique, est un aspect important de notre bien-être et un fondement de notre communauté. Que signifiera donc ce lieu pour nous à l'avenir ? L'apprentissage tout au long de la vie est un autre concept clé. On reviendra dans l'université durable pour apprendre de nouvelles choses des générations suivantes et pour partager ses propres expériences avec elles. Ce cycle englobe l'ensemble de l'ETH en tant que communauté d'apprentissage dynamique. Enfin et surtout, notre pays est confronté à des défis majeurs qui nécessitent non seulement une excellente base en recherche fondamentale, mais aussi des stratégies de mise en ?uvre auxquelles tous peuvent adhérer. Une université humboldtienne tournée vers l'avenir comprendra cela comme faisant partie de sa mission principale et l'intégrera dans sa vision. Une vision qui reconna?tra son r?le d'impulsion, d'incubation et d'intégration. Une vision qui donne du pouvoir et une direction claire. Le programme rETHink est une étape décisive sur la voie d'une véritable préparation de notre université à l'avenir.

Lydia Bourouiba

Dans mon travail, je me concentre sur les problèmes à l'interface de la dynamique fondamentale des fluides et de la santé. Une attention particulière est accordée aux mécanismes physiques fondamentaux dans le transport des micro-organismes et des agents pathogènes, ainsi qu'à leur adaptation et à leur évolution, qui sont essentiels pour la transmission des maladies. La pandémie a clairement montré que nous ne pouvons relever les défis sociaux et sanitaires de grande ampleur qu'en combinant des connaissances disciplinaires solides et une véritable collaboration transdisciplinaire. La promotion de cet équilibre entre profondeur et échanges synergiques entre les disciplines est une t?che cruciale pour les universités de demain. Bien que l'encouragement de la recherche aux ?tats-Unis et en Europe encourage de plus en plus les approches multidisciplinaires, une telle intégration reste insuffisante, en partie parce qu'une véritable intégration dans un enseignement et une science historiquement séparés en disciplines constitue un défi majeur. Une tentative plus prometteuse consisterait à créer des centres véritablement multidisciplinaires, axés sur la résolution de problèmes en profondeur dans chaque discipline, mais dans lesquels des chercheurs de différents domaines travailleraient c?te à c?te afin d'échanger dès le départ sur les questions de recherche. De tels centres, qui pourraient par exemple se concentrer sur les grands défis des maladies infectieuses ou de l'environnement, ne se limiteraient pas à la recherche, mais se caractériseraient également par le mentorat et l'enseignement ; et l'espace physique commun favoriserait un travail transdisciplinaire réellement synergique.

Michael Kiy

Notre monde et les marchés évoluent de plus en plus rapidement. Chaque année - ou plus souvent encore - de nouvelles générations de téléphones portables sont présentées et des produits innovants imposent des changements à une fréquence élevée. Le rythme de développement des produits et la flexibilité nécessaire pour réagir aux évolutions du marché se sont considérablement accrus. Une formation d'ingénieur moderne devrait donc inclure, outre des connaissances de base solides dans le domaine, des méthodes montrant aux étudiants comment organiser et réaliser un développement agile et itératif en équipe. Pour établir des priorités dans les objectifs de développement, il est souvent nécessaire de prendre des décisions basées sur des faits, ce qui requiert des connaissances supérieures en analyse de données. En outre, les décisions prises dans le cadre du développement sont généralement directement pertinentes pour le business. C'est pourquoi des compétences d'entrepreneur telles que le calcul de business cases ou la connaissance de modèles d'affaires modernes sont un grand avantage. Chez Siemens, nous développons des produits innovants dans le domaine de l'automatisation, de la gestion de l'énergie, de la technique du b?timent et de la mobilité. Pour ce faire, nous travaillons au sein de diverses équipes et appliquons des méthodes de développement agiles.

Zuzana Sediva

Groam est un spin-off de l'ETH pour les mousses biodégradables à base de déchets agricoles, comme les restes de la production de céréales et de fruits. Nous voulons mettre en ?uvre notre concept à grande échelle pour des applications rapides à usage unique telles que les emballages ou les substrats pour plantes, et ainsi supplanter les mousses plastiques à base de matières fossiles. En 2020, j'ai re?u une bourse de pionnier, rendue possible par des donateurs et donatrices de la Fondation ETH, ce qui m'a permis d'examiner des cas d'entreprise potentiels. C'est ainsi qu'a commencé notre parcours d'entrepreneur. L'innovation est essentielle pour les hautes écoles et leur r?le futur dans la société. Les Pioneer Fellowships ne sont pas la seule illustration de la stratégie entrepreneuriale de l'ETH visant à promouvoir des projets multidisciplinaires pertinents pour les défis mondiaux d'aujourd'hui. A l'avenir, les hautes écoles seront encore plus efficaces en lan?ant des innovations de haute technologie et en favorisant l'échange de connaissances avec les organisations internationales, les grandes entreprises et les gouvernements.

Samira Cabdulle

Mes parents sont originaires de Somalie. Pour moi, il n'est pas évident d'avoir grandi et de pouvoir étudier dans une Suisse prospère. Dans mon travail de master, je m'intéresse aux sécheresses en Afrique de l'Est. ? l'avenir, ce problème touchera directement ou indirectement beaucoup plus de personnes qu'aujourd'hui. Si nous voulons relever avec succès de tels défis mondiaux, de nombreuses perspectives différentes doivent être réunies. Nous avons besoin des idées de personnes issues de cultures, d'expériences et d'origines très diverses. C'est pourquoi, à mes yeux, les universités du futur devraient vivre la diversité et l'inclusion de manière encore plus forte et naturelle qu'aujourd'hui. C'est pourquoi je pense aussi qu'il est important que la formation soit accessible à tous. Mais l'égalité des chances ne se fait pas toute seule. Heureusement, j'ai toujours été encouragée par des personnes à tenter l'aventure de la haute école. Nous n'atteindrons la diversité que si les hautes écoles et la société s'y emploient activement.

Jan Freihardt

Notre société est confrontée à de profonds bouleversements. Face à la progression des crises écologiques et sociales, la question est encore de savoir si le changement se fera by design ou by disaster. Les hautes écoles peuvent devenir les catalyseurs d'une transformation by design si elles repensent la recherche et l'enseignement. Dans la recherche, une collaboration plus étroite avec les acteurs et actrices de la politique, de l'économie et de la société civile peut aider à produire des connaissances pertinentes pour la pratique - notamment dans des domaines proches de la société comme la protection du climat ou la digitalisation. Les compétences nécessaires à cet effet ne sont toutefois pas suffisamment transmises dans l'enseignement actuel. Ainsi, la gestion de situations de crise et de problèmes complexes exige, outre des compétences analytiques, des compétences morales, empathiques et autoréflexives. De tels changements ne sont pas réalisables du jour au lendemain. Mais nous avons tous le pouvoir, dans nos propres actions - que ce soit dans la recherche ou l'enseignement - de faire le premier pas dès aujourd'hui.

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Quelles initiatives, idées ou concepts d'aujourd'hui devons-nous conserver ou étendre ? Qu'est-ce qui doit être nouveau ? Quels sont les hybrides prometteurs entre l'établi et le nouveau ? ... et qu'est-ce qui peut être abandonné ? Qu'est-ce qui est déjà obsolète aujourd'hui ? Qu'est-ce qui n'est plus nécessaire ? Où pouvons-nous désencombrer l'université ?

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